Dossier - Le contournement autoroutier d'Arles

 LE CONTOURNEMENT
 AUROROUTIER D'ARLES
Le projet de contournement autoroutier de la ville d’Arles, tel qu’il est présenté aujourd’hui, consiste à réaliser une nouvelle portion d’autoroute de 26 km au sud de la ville de Arles. Cet aménagement a pour but de relier l’A54 à l’est depuis Salon de Provence à l’A9 à Nîmes. 

La moitié du projet consiste a réaménager la RN113 existante entre Saint-Martin de Crau et Raphèle tandis que 13 km de nouveau tronçon seront construits au sud d'Arles, dans un périmètre géographique qui faisait partie du Parc Naturel Régional de Camargue (périmètre déclassé pour l’occasion), sur des zones d’intérêt naturel et agricole uniques. 

Outre ce patrimoine naturel qui risque de disparaître, le projet tel qu’il semble se dessiner, va générer de nombreux dommages collatéraux pour les habitants du territoire : augmentation de la pollution atmosphérique, disparition de terres agricoles, perte irréversible de biodiversité, risques d’inondations accrus...
-02.08.20-

Le projet d'un autre monde


Initié il y a plus de 25 ans, le projet de contournement autoroutier d’Arles devait être la solution à tous les maux des Arlésien(nes). Sauf que le tracé retenu aujourd’hui par les services de l’Etat (dit tracé Sud Vigueirat ou V6) a été jugé plusieurs fois catastrophique en raison de ses multiples contraintes notamment au point de vue environnemental. 

En 1996, le rapport Astier concluait ainsi : « ce tracé est très destructeur (…) en tout état de cause, il s’agit d’une variante à abandonner». Plusieurs années plus tard, en 2018, le rapport Duron annonçait sa condamnation finale en le repoussant après 2038. 

Les incohérences et dangers du projet 


La fausse bonne solution aux vrais problèmes

En déplaçant le trafic plus au sud, ce projet ne résoud en rien les problèmes de circulation, de pollution atmosphérique et sonore ou d'accidents.

74.000 véhicules traversent le pont sur le Rhône aujourd'hui. Ce trafic sera identique  dans les 10 années à venir avec une répartition  de 44.000 véhicules par jour sur  l'autouroute et toujours 30.000 sur la RN113 qui sera toujours présente.


Quel interêt pour ce projet alors que le trafic n'augmentera pas dans les prochaines années ?

Foin de Crau, maraîchage, grandes cultures, cultures en bio...

Selon les études, 40 exploitations agricoles seront impactées par le contournement pour un total d'environ 180 ha en comptabilisant les aires de services.

En 2014, la Chambre d'agricutlure estimait  le préjudice potentiel à 900 ha dont 700 en terres arables  soit  5 fois plus que l'estimation de 2020. Et cela, sur la base du même fuseau.

La Camargue, la Crau, les Alpilles et le Rhône

De l'aveu de la Dreal, les enjeux environnementaux et naturels sont majeurs dans le secteur d’Arles avec :

  • la Camargue : Réserve de biosphère, zone RAMSAR,
  • Natura 2000, Parc Naturel Régional, ZNIEFF
  • Le Rhône : Natura 2000, ZNIEFF
  • Les Alpilles : Natura 2000, Parc Naturel Régional, ZNIEFF
  • Les marais :

     • De la Vallée des Baux et d’Arles (Natura 2000)

     • Beauchamp et le Petit Clar (ZNIEFF)

     • Entre Crau et Grand Rhone (Natura 2000)

     • De Meyranne et des Chanoines (ZNIEFF)

  • La Crau – sèche et humide (Natura 2000, Réserve Naturelle Régionale, ZNIEFF)

En plein milieu d'une zone inondable

Le territoire et la commune d'Arles sont profondément lié à l’eau. 

Les eaux souterraines représentent enjeu majeur pour la nappe phréatique de la Crau qui alimente 270.000 personnes. Rappelons que cette nappe est affleurante et à très faible profondeur. Les moindres travaux et excavations perturberont son fonctionnement. 

Agricole, avec une importante culture en foin de Crau, cette zone contient une multitude de réseaux d'arrosage très complexe, présentant parfois des difficultés de drainage très fortes.

Il faut aussi s'attendre à des dysfonctionnements au niveau de la RN113 et du jumelage RN113 / voie ferrée. Les risques inondation en lien avec le Rhône seront multipliés.

700 M€ à 1 Md €

En 2016, une question posée à l'Assemblée nationale sur le coût probable de l'opération estimait celui-ci à 730 M€.

Le Plan de gestion du risque inondation et le schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux imposent des règles de "transparence hydraulique" nécessitant la contruction d'une partie de l'autoroute sur pilotis.  Un surcoût qui pourrait faire monter la facture à 1 Md d'€.


Les solutions et alternatives


La RN113 n'est pas une autoroute

Il conviendrait, comme cela se fait en de nombreux endroits en France, d’interdire la circulation des Poids-Lourds et des véhicules dangereux sur la RN113 qui n’effectuent pas de desserte locale. Cette interdiction obligerait les véhicules à rester sur les autoroutes existant A7 et A9, seule infrastructure conçue pour assurer de manière sécurisée la circulation des voiture et des camions qui se rejoignent au sud d’Orange.


Passer sous le Rhône

Le projet d'un passage en tunnel sous le Rhône n'a jamais été véritablement analysé. Combiné à une remise en l'état de la RN113, une limitation de la vitesse à 50 km:h et des murs anti-bruit, il réduirait la pollution de l'air dont est victime la population vivant à proximité.

Le maritime, le fret ferroviaire et le fluvial

Le fret fluvial est un mode de transport beaucoup moins polluant que le transport routier : il permet d'économiser de l'énergie, de réduire les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que les émissions polluantes. Le Rhône est largement sous-exploité à ce niveau. Le transport fluvial de marchandises représente 14 % du transport total de marchandises en France.


L’« autoroute de la mer » est une liaison maritime qui vise à opérer au sein de l’UE un transfert modal de la route vers la mer. Son but est de désengorger les grands axes autoroutiers, de limiter la pollution et de favoriser le développement durable. Il s’agirait de faire embarquer des camions complets ou leurs remorques à bord de navires pour effectuer un trajet qu’ils faisaient auparavant par la route.


Alors que la part du ferroviaire s'élevait à près de 30 % dans le transport de marchandises en 1985, elle ne s'élève plus qu'à un peu plus de 10 % aujourd'hui. Le développement du fret ferroviaire est un enjeu d'avenir. C'est d'autant plus vrai lorsque l'on sait qu'en France, 48 000 personnes décèdent chaque année à cause de la pollution et des particules fines. Il est donc particulièrement urgent, pour l'État, de porter une vraie politique publique de rééquilibrage modal.



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